1. Expression de l’émotion : visage

La colère s’exprime de manière très marquée sur le visage et le corps, et le Facial Action Coding System (FACS) permet d’analyser précisément les unités d’action (AU) qui caractérisent cette émotion. Voici un aperçu détaillé des différentes mimique faciale et manifestations corporelles liées à la colère, en référence au FACS.

  • Analyse des unités d’action faciales (AU) de la colère
Unité d’action (AU) Muscle impliqué Effet sur le visage Rôle dans l’expression de la colère
AU 4 Corrugator supercilii Froncement des sourcils (au centre) Les sourcils sont fortement froncés vers le centre, créant une expression de tension ou d’hostilité.
AU 5 Temporalis Déplacement des sourcils vers le bas et l’intérieur Renforce la ligne du front, accentuant la colère.
AU 7 Orbicularis oculi (partie orbitaire) Yeux rétrécis, regard menaçant L’activation des muscles autour des yeux donne un regard plus perçant et agressif.
AU 23 Depressor anguli oris Abaissement des coins des lèvres Les coins de la bouche sont tirés vers le bas, ajoutant une composante de mécontentement et de frustration.
AU 25 Mentalis Tension de la lèvre inférieure, tremblement possible Le menton peut se lever, accentuant la tension émotionnelle, avec parfois un léger tremblement.
AU 26 Zygomaticus major Activation partielle (parfois présente) Peut rendre l’expression plus dur, moins souriante. La colère empêche souvent un sourire naturel.

  • Différenciation de la colère par rapport à d’autres émotions
Émotion Sourcils Bouche Regard Posture/Corps
Colère modérée Froncement léger ou modéré Coins des lèvres baissés Regard intense, fixant la cible Posture tendue, bras souvent croisés ou poings serrés
Colère intense Sourcils très froncés, parfois presque un « V » Lèvres fortement tirées, mâchoire serrée Regard perçant, menace visuelle Corps raide, mouvements brusques, souvent vers la cible
Frustration Sourcils baissés mais moins marqués Mouvement des lèvres moins accentué Regard dirigé vers le bas ou en retrait Mouvements moins vifs, plus contenus
Mépris Sourcils légèrement relevés sur un côté Lèvres pincées, sourire dédaigneux Regard détourné ou hautain Posture fermée, mais moins d’agitation physique

Plus l’intensité de la colère est grande, plus les manifestations deviennent marquées, avec des gestes plus vifs et des expressions faciales plus accentuées.

2. Expression de l’émotion : corps

La colère est une émotion intense qui peut être exprimée à travers une variété de comportements corporels. Ces réactions sont souvent instinctives et visent à signaler une menace ou une frustration, ou à défendre ses propres intérêts. En dehors des mimiques faciales, la colère se manifeste principalement par des changements dans la posture, des mouvements corporels spécifiques, et des réactions physiologiques qui indiquent que l’individu est dans un état de tension et de mobilisation. Voici une analyse détaillée de la manière dont la colère s’exprime sur le plan corporel :

  • Tension musculaire

Lorsqu’une personne est en colère, son corps se prépare à une réaction physique qui pourrait inclure une action défensive ou offensive. La colère entraîne une augmentation de la tension musculaire, ce qui peut être ressenti à travers différentes parties du corps.

Muscles tendus

Les muscles du visage, du cou, des épaules et des bras se tendent souvent sous l’effet de la colère. Cette tension est un signe d’activation physique du corps qui pourrait se préparer à une action physique (comme frapper, crier ou se défendre).

Exemple :

Une personne en colère peut serrer ses poings, contracter ses mâchoires ou avoir une posture rigide, ce qui reflète l’activation musculaire. Elle peut aussi resserrer ses épaules ou bloquer ses bras, comme une préparation à l’action.

Posture rigide ou tendue

Lors de la colère, le corps peut adopter une posture rigide, parfois associée à un mouvement figé. Cela peut signaler que la personne est prête à agir, soit en attaquant, soit en se défendant. La posture peut également inclure une avancée du torse, où l’individu se redresse pour paraître plus imposant.

Exemple :

Une personne peut se tenir droitement, avec le torse bombé et les bras levés, prête à confronter la source de sa colère.

  • Mouvements corporels et gestuelles

Gestes violents ou abrupts

En colère, une personne peut adopter des gestes rapides et brutaux, comme frapper des objets, pointer du doigt, ou faire des gestes de rejet. Les gestes sont souvent exagérés et peuvent être dirigés vers la source de frustration ou de menace.

Exemple :

Une personne qui est en colère pourrait frapper sur une table avec ses mains ou pointer le doigt avec insistance vers quelqu’un pour l’intimider ou souligner son mécontentement.

Poings serrés

Un poing serré est l’un des signes les plus clairs de la colère. Les mains se ferment avec force, souvent accompagnées d’un mouvement nerveux, comme des tapotements ou un battement d’un pied.

Exemple :

Lorsqu’une personne est frustrée ou en colère, elle peut serrer ses poings de manière à exprimer son désir de frapper ou de se défendre.

Fréquence et vitesse des mouvements

Les mouvements corporels deviennent souvent plus rapides et plus fréquents lorsqu’une personne est en colère. Cela peut inclure des gestes brusques des bras ou des mouvements de balancement du corps, cherchant à désigner ou exclure un objet ou une personne de la source de colère.

Exemple :

Quelqu’un qui discute de manière violente peut gesticuler avec ses bras ou avoir des mouvements saccadés comme pour manifester sa frustration ou son désaveu.

  • Réactions physiologiques

La colère est liée à un état de stress et à l’activation du système nerveux autonome, ce qui entraîne diverses réponses physiologiques perceptibles dans le corps.

Augmentation de la fréquence cardiaque

Lorsqu’une personne est en colère, son rythme cardiaque augmente, car le corps entre en état de réaction de combat ou fuite. Cela se traduit par une accélération des battements du cœur.

Exemple :

Une personne en colère peut ressentir une pression dans la poitrine ou avoir l’impression que son cœur bat plus fort. Cela peut parfois être perçu comme un signe de tension émotionnelle.

Respiration rapide et superficielle

Le rythme de la respiration devient souvent plus rapide et superficiel. La personne peut haleter ou avoir du mal à respirer correctement, car la colère déclenche un flux de stress dans le corps.

Exemple :

Une personne peut respirer bruyamment ou exhaler fortement, en particulier lorsque la colère est intense ou persistante. Cette respiration accélérée est un mécanisme naturel pour faire face à la montée de l’énergie.

Transpiration

En réponse à la colère, la personne peut transpirer davantage, particulièrement au niveau du visage, des paumes ou des aisselles, ce qui peut être dû à l’activation du système sympathique et à la montée du stress.

Exemple :

Une personne en colère peut ressentir de la transpiration excessive, surtout si l’émotion s’intensifie ou si l’individu se trouve dans une situation de confrontation ou de stress.

  • Changement dans la posture du corps et les mouvements

La colère s’exprime souvent par des gestes brusques, des mouvements violents, ou des mouvements corporels désordonnés, qui peuvent être liés à l’envie de s’exprimer ou de protéger ses intérêts.

Avance du torse et posture d’agression

Un geste caractéristique de la colère est l’avancée du torse. Cela peut symboliser l’intention de confronter ou d’exprimer un désaveu de manière physique. Le torse avancé montre une affirmation de soi ou une tentative de domination dans une situation perçue comme menaçante ou injuste.

Exemple :

Une personne en colère peut se pencher en avant avec le torse gonflé et les poings serrés, prêt à confronter l’objet de sa colère ou à intimider.

Position des jambes et des pieds

Le placement des pieds peut aussi signaler une personne en colère. Elle peut être figée, ou ses jambes peuvent être légèrement écartées pour offrir une posture stable prête à faire face à la situation. Les pieds peuvent également être ancrés au sol, augmentant ainsi le sentiment de prêt à réagir.

Exemple :

Une personne en colère pourrait avoir les pieds écartés, adoptant une posture stabilisée, prête à agir ou à répondre à la source de la colère.

Ces réponses corporelles servent à préparer le corps à réagir face à l’objet ou à la situation qui suscite la colère, qu’il s’agisse de confrontation, de protection ou de réaction défensive.

3. Expression de l’émotion : mots